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Journal de bord du «PS Narina»

Jour 41

Température de l'air / de l'eau: -5°C (-15°C la nuit) / 4°C

Direction du vent / Bft: Ouest-sud-ouest / 2-5

Région: THOLI STAGNUM (saisons confuses) – Carte nautique du voyage

En cuisine: Barramundi (1.2 kg) vider, fileter, retirer la peau, rincer et sécher. Saler et poivrer, saupoudrer de farine et faire revenir les filets 5 minutes de chaque côté dans un peu d'huile de colza jusqu'à ce qu'ils soient bruns et croustillants. Dans une deuxième poêle, faire chauffer 1 cuillerée à soupe d'huile d'olive, y faire revenir 0.5 oignon finement haché jusqu'à ce qu'il soit translucide. Déglacer avec 2 cuillerées à soupe d'eau, 1 cuillerée à soupe de sauce de soja, 3 cuillerées à soupe de jus de citron vert, 2 cuillerées à soupe de sambal oelek. Mélanger, porter à ébullition brièvement, enlever du feu, ajouter 4 cuillerées à soupe de coriandre assez finement hachée. Servir la sauce et le poisson séparément, avec du riz blanc. (Plus de recettes du cuisinier de bord)

Observations

N'y a-t-il pas plus grande promesse que celle hurlée par le matelot du haut de la hune? «Terre en vue!» Après des jours, des semaines en haute mer, au marin la côte annonce la fin des efforts: enfin la terre ferme sous les pieds, enfin de la viande, enfin des vêtements secs, des auberges… On connaît cela. Mais au-delà de la satisfaction de tels souhaits concrets, la terre promet d'une manière singulière, encore plus: que tout ira bien, que l'âme usée et peu cajolée par une mer inflexible, guérira sur la terre pour recouvrer son unité. Naturellement, le marin sait que la croyance en cette guérison s'amenuise à chaque pas qu'il fera sur la terre ferme; et qu'aussitôt après, il aura hâte de reprendre son sac sur l'épaule. On ne perçoit la terre comme monde meilleur que lorsqu'on est en mer; le salut n'est jamais si proche qu'entrevu depuis la hune.

Il arrive presque la même chose à l'homme de la terre. Quand il est au bord de l'océan, le regard visant le cran de mire, alors flotte dans l'air le parfum d'une promesse, quelque chose annonçant salut et plénitude.

Ainsi, la nostalgie du matelot est un peu celle de la terre et pour l'homme de la terre, celle de la mer. La ligne serpentine de la côte sépare et relie donc deux mondes idéaux, deux paradis qui, cependant, ne peuvent se voir que de l'extérieur et donc atteignent leur maximum de réalité dans la nostalgie.

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First Publication: 10-4-2013

Modifications: 10-11-2014